Transposition d'un savoir faire asiatique avec le bambou.

Le bambou représente pour moi une solution environnementale majeure. Après avoir appris différentes techniques et savoir-faire en Asie du Sud-Est, j'ai pu expérimenter ce matériau à mon retour en France. L'objectif n'est pas de m'approprier ces savoirs pour les commercialiser - comme cela peut parfois être le cas - mais bien de participer à la création d'un savoir-faire français autour du bambou.

Je voulais confronter ce matériau à notre réalité, ici, en France, où les usages, le climat et les enjeux sont bien différents de ceux de son habitat d'origine, l'Asie. J'ai alors exploré différentes formes, des traitements naturels, plusieurs variétés; jusqu'à la saison idéale de coupe. Cette recherche est également passée par les techniques d'assemblages. Après de nombreux tests et une documentation attentive de mes expériences, ma conclusion est claire : le bambou est un matériau prometteur pour accompagner notre transition écologique. Bien sûr, il a ses limites. Il est invasif, il consomme de l'eau - mais il est aussi bien implanté en France depuis le XVIIe siècle. Sa régulation est donc tout aussi essentielle, notamment auprès des particuliers ou dans les zones naturelles sensibles. Et malgré sa consommation en eau, il joue un rôle important dans la lutte contre l'érosion des berges, tout en offrant un habitat protecteur à certaines espèces menacées.

Le bambou n'est pas une solution miracle - d'ailleurs, il n'en existe pas. Mais c'est une piste sérieuse, innovante et adaptée à notre territoire. Il permettrait non seulement une transition plus douce, mais aussi la redécouverte de savoir-faire artisanaux. Car s'il y a bien un matériau qu'il faut mériter, c'est le bambou : pas d'outils magiques, pas d'automatisation, seulement der la patience, de la sensibilité... et les mains.

L'hybridation au service de l'ecodesign

Dans ma pratique de designer, j’ai très vite ressentis le besoin d’aller chercher les savoirs à leur source, là où ils sont vivants, transmis par la main, par le geste, par l’expérience. C’est cette nécessité qui m’a conduit en Asie, avec l’envie d’apprendre du bambou, non pas comme une simple matière, mais comme un système de construction, une culture, une manière d’habiter le monde.

Le bambou m’a fasciné par sa légèreté, sa résistance, sa vitesse de croissance mais surtout par la richesse des savoir-faire qui l’entourent. Au cours de mes différents stages, j’ai découvert des techniques vernaculaires profondément ancrées dans l’écosystème local, où chaque décision constructive est guidée par l’intelligence du contexte, la sobriété, et la transmission intergénérationnelle.

Cette immersion a été pour moi bien plus qu’un apprentissage technique : elle a été un déplacement du regard. Cette parenthèse m’a permis de repenser ma propre approche du design. À mon retour, je ne souhaitais pas simplement reproduire ces savoirs, mais les hybridiser avec d’autres, pour imaginer des formes de construction plus responsables, plus sensibles, en lien avec notre époque et les défis contemporains.

L’hybridation est devenue alors un outil : non pas une fusion forcée, mais un dialogue entre les cultures, les matériaux et les usages — au service d’un design écologique, ancré et évolutif. Cette pratique a été renforcée lorsque je me suis rendue compte de la omniprésence du bambou sur notre territoire, espèce envahissante, la nécessité de sa régulation m’a conforté à travailler avec ce matériau.

De la conception à la réalisation.

ÉTUDE(S)

L'écrivain français André Gide disait : "Choisir, c'est renoncer". L'étape de l'étude consiste à choisir des matériaux, ausculter le terrain, enquêter sur les usages pour établir les différentes possibilités d'un projet. En élaborant ce qu'il est possible de faire, on vient interroger les différents espaces, les limites des matières, ou encore les éléments qui interagissent avec.

EXPERIMENTATION(S)

Après l'observation et l'analyse, l'expérimentation est l'étape clé de la conception, c'est le moment où l'on teste, où l'on se trompe, on trouve des solutions. Cette phase consiste à rediscuter le cahier des charges et à faire des allers-retours entre les différentes propositions pour établir un projet clair, fonctionnel et esthétique.

CONCEPTION

Premier pas dans le réel, la conception nous invite étudier des protocoles plus en détail. C'est par la réalisation d'un prototype à échelle 1 que l'on transpose le projet dans la réalité et que l'on réalise les divers ajustements, indispensables, avant la réalisation du projet final. Cet ancrage dans le réel passe par la modélisation 3D à l'aide des logiciels Rhinoceros 3D, Sketchup, 3DS max, et cela toujours avec un carnet de croquis à proximité.

RÉALISATION

Consécration des trois étapes précédentes, la réalisation engage à la production à échelle 1 du projet, tout en s'inspirant des différentes techniques et savoir-faire les plus appropriés. Le projet est livré au client, implanté dans l'espace dédié et archivé, enfin les dernières finitions sont ajoutées.